A celles et ceux qui pensent que je ne fais rien

A celles et ceux qui pensent que je ne fais rien…

De retour sur le blog après une petite pause. Et comme bien souvent dans ces cas-là, je reviens avec un « billet d’humeur » en lien avec le pourquoi de cette absence.

Voici toute l’histoire…

Ces derniers temps, je me sentais oppressée comme si ma vie, mon quotidien et plus encore mes aspirations étaient devenus trop petits, trop restreints pour que je m’y épanouisse. Il faut dire que ma situation actuelle n’a rien d’enviable. Du moins, sur le papier. Et surtout, aux yeux de la société.

Lassée de m’ennuyer (dans tous les sens du terme !) dans des boulots qui pour la plupart, compilaient davantage les inconvénients que les avantages; j’ai décidé à la fin de ma dernière mission au sein d’une boutique de prêt-à-porter, de ne plus – jamais – renouveler ce type d’expériences professionnelles. Pour celles et ceux qui découvrent ce blog, je vous explique tout cela plus en détails dans un article intitulé Après la page blanche…

Cela fait donc plusieurs mois maintenant que «je ne fais rien ». Du moins, aux yeux de la société – tiens, encore elle… – et par conséquent, à ceux de mes proches. Genre je reste à la maison à me tourner les pouces ! Comme si j’avais pu supporter cela des mois durant sans « disjoncter » ou pire, me faire une double tendinite aux pouces.

Le regard des autres. Ce qu’ils pensent de moi, de ma situation ou encore de ce à quoi j’emploie mes journées sans bien évidemment le savoir. Ni même me poser la question, d’ailleurs. Bien sûr que non, puisque je ne fais rien, je n’ai certainement rien à raconter.

Et pourtant…

J’ai un tas de choses à leur raconter. A leur dire et à leur avouer. A ces autres. Comme par exemple que lorsque vous pensez que je gis toute la journée durant sur mon canapé à mater les feuilletons de l’après-midi, il n’en est rien. Je lis, j’écris, je m’inspire, je m’instruis, je m’aère et je l’avoue, je profite de ce moment de répit dans ma vie pour – enfin – faire toutes ces choses si intéressantes – mais futiles à vos yeux – que je n’ai pas eu le temps, ni l’énergie de faire ces dernières années.

Alors bien sûr, lorsque j’ai décidé « d’arrêter de travailler » en septembre dernier, c’était avec une idée en gestation à l’esprit : mettre à profit ma certification de conseillère en image et développer cette activité. Sauf que plus d’un an après l’obtention de mon diplôme, j’ai du me rendre à l’évidence: j’étais passée à autre chose. Ça m’a pris du temps avant de le réaliser, puis de l’assumer. Et surtout, ça m’a fait mal. Et puis là, j’avoue que je me suis un peu perdue…

A celles et ceux qui pensent que je ne fais rien
L’art de « ne rien faire » – Photo de Mink Mingle

Je ne savais plus quoi faire. Souvent, je suis revenue au conseil en image, allant même jusqu’à créer mon site internet qui aujourd’hui, ne demande plus qu’à être publié. Sauf qu’en plus des contraintes purement logistiques auxquelles j’aurais du faire face pour donner vie à ce projet, je ressentais un malaise persistant. Ce malaise venait tout simplement d’une profonde démotivation quant à ce métier que j’ai longtemps imaginé être fait pour moi.

Après avoir passé un an en boutique à me plier en quatre pour des clientes parfois ingrates, voire détestables, je ne m’imaginais plus me mettre au service de qui que ce soit. Le simple fait d’avoir à demander « que puis-je faire pour vous ? » me révulsais. Alors, bien sûr, il y en a eu des sympathiques, des polies et même des reconnaissantes envers le service rendu. Mais dans ce métier, à force d’être déconsidérée, on finit par ne retenir que ces quelques clientes qui vous ont méprisée.

J’avais perdu ma patience. Et plus encore, ma bienveillance. Et à partir de là, je n’étais plus capable d’être une conseillère en image digne de ce nom. Peut-être que ça reviendra un jour. Mais ce jour n’est pas encore venu.

Il m’a ainsi fallu tout remettre en question…

Aussi, ai-je entamé un énorme travail sur moi-même afin de comprendre qui j’étais devenue. J’ai marché des kilomètres, j’ai enchaîné les postures de yoga et plaqué les mots dans des carnets. Bref, je me suis retournée le cerveau jusqu’à m’en rendre malade. Jusqu’à perdre – à un moment – totalement confiance en moi. Parce que dans ces moments-là, on est seule. Peu importe l’entourage. On est seule. Seule face au regard des autres.

Parce que c’est sans doute cela le plus pesant. Le plus stressant. Le regard que les autres portent sur votre situation, comme si elle était définitive. Comme si ce n’était pas juste un moment de votre vie, avec ses joies et ses tourments. Comme si je leur avais annoncé que jamais plus je ne travaillerai.

J’ai fait le choix de changer de métier. Aujourd’hui, je sais qu’en réalité il me fallait changer, moi, de l’intérieur. Enfin me poser pour me poser les bonnes questions. Du genre de celles qui vous mènent à choisir entre différents chemins de vie et plus encore, entre différentes personnes que vous pourriez devenir.

… et assumer vouloir être libre

Je souhaite avant toute chose être libre. Et croyez-moi, la liberté est la chose la plus chère et la plus difficile à assumer au regard de la société. Nous sommes en effet conditionnés pour être entravés. Certains le vivent très bien, d’ailleurs. Et c’est tant mieux. Je ne nie pas non plus la nécessité d’évoluer dans un cadre donné et je ne remets pas en question l’existence des lois, des devoirs ni même des responsabilités qui nous incombent. Je suis pour l’ordre et l’harmonie. Et la liberté.

A celles et ceux qui pensent que je ne fais rien
« La liberté de faire de ce que je veux…. » – Photo d’Artem Kovalec

La liberté de faire ce que je veux. La liberté de gérer ma vie comme je l’entends, dans la limite du raisonnable bien sûr – du seul moment que cela n’entrave en rien le bien-être des autres. Et bien, rien que cela – essayez pour voir ! – est quelque chose de difficile à faire comprendre et plus encore, à faire accepter à l’entourage. Bien souvent, on pense pour votre bien. Parce que le bien, c’est le salariat. Parce que le bien, c’est de gagner beaucoup d’argent. Parce que le bien, c’est d’avoir des enfants plutôt que de prendre un chien. Parce que le bien ceci, parce que le bien cela…

Sauf que moi, j’aime bien écrire. Je ne prétends pas être excellente dans ce domaine, mais j’y prends un plaisir simple et réel. Je peux écrire toute une après-midi sans lever le nez de mon écran ou de mon carnet. C’est d’ailleurs systématiquement le cas lorsque je me lance dans la rédaction d’un article pour ce blog. J’aime écrire et depuis aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé cela. Ecrire pour créer. Ecrire pour figer une idée, une émotion, une sensation. Ecrire pour enfin dire ce que l’on a sur le cœur… Ecrire pour tout et n’importe quoi.

Ok, mais ce n’est pas un métier…

Combien de fois ai-je entendu cela ? Comédienne ? Ok, mais ce n’est pas un métier. Esthéticienne ? Ok, mais tu sais, ce n’est pas un « super » métier… Combien de fois dans ma vie, l’avis des autres a-t-il compté ? Combien de choix plus ou moins importants ai-je fait davantage pour satisfaire les autres que moi-même? Bien trop.

Alors je ne sais pas si je vais pouvoir en vivre un jour. Mais je sais que je vais continuer à écrire, à rédiger et plus encore, que je vais commencer à y croire. Parce qu’être libre, c’est avant tout de choisir de lever ses propres barrières. Et c’est fou comme celles que les autres s’appliquent à vous mettre devant le nez se lèvent alors elles aussi !

A celles et ceux qui pensent que je ne fais rien
« (…) choisir de lever ses propres barrières » – Photo de Toa Heftiba

J’ai en effet compris que pour mieux se détacher du regard des autres, la première des actions à mener est d’oser se regarder soi, tels que nous sommes et surtout, tels que nous souhaitons devenir. Si cela vous devient naturel, alors il le sera d’autant plus aux yeux des autres.

Aujourd’hui, je n’impose pas mes choix de vie aux autres. Je tente simplement de leur dire que les choses sont désormais ainsi, et c’est tout. C’est ainsi que vous découvrez les gens qui vous aiment et / ou ceux qui vous apprécient vraiment : ils demeurent à vos côtés. Parfois, ils serrent les dents pour vous, mais ils sont là. A ces personnes qui, si elles lisent ce billet – se reconnaîtront certainement, je dis « merci ». Merci, parce que c’est grâce au regard que vous avez porté sur moi à un moment donné de ma vie que j’ai enfin osé changer celle-ci. Il faudrait que je reprenne mes cours de philosophie de terminale, mais il me semble bien qu’un illustre illuminé soutenait que nous ne sommes qu’au travers du regard des autres. Nous ne serions donc uniquement parce que nous sommes vus – et jugés ?

Et donc…

La société nous vend une liberté si belle dans ses représentations, mais néanmoins toute relative. En réalité, je constate que peu de personnes jouissent pleinement de cette liberté promise. Parce qu’elle est plus ou moins nécessaire à chacun et parce que bien souvent, la chose la plus difficile à assumer, c’est d’être libre – justement. Peu de gens osent et pire, peu de gens ont la marge de manœuvre nécessaire pour être libres de vivre leur meilleure vie. Parmi tous ces « faux choix » et selon les parcours de vie, il est en effet aisé de s’enfermer et d’ériger ses propres barrières.

A celles et ceux qui pensent encore que je ne fais rien, sachez que prendre le temps de comprendre ce qui est bon pour soi n’est pas « ne rien faire ». C’est un travail de longue haleine et de chaque instant. C’est aussi un privilège et une chance. Parce que l’occasion de se poser ainsi à trente ans et de repenser sa vie et ses projets, n’est pas donné à tout à chacun. Rassurez-vous, je travaille ! Et mes pouces vous remercient de l’intérêt que vous leur portez. Tout va bien, puisqu’ici je termine cet article et que par conséquent, ce fût une belle journée.

Crédit photo:  Couverture by Elizabeth Lies

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