J’ai décidé qu’en 2020 je serai optimiste. Et si cette nouvelle année commence plutôt bien, je ressens aujourd’hui une peine infinie. Il fait pourtant si beau ! Je suis bien, mais je suis triste. Et c’est en revenant cet après-midi de promenade avec Olive, mon petit chien, que j’ai compris pourquoi.
Je me sens triste et infiniment démunie face à la souffrance des animaux. Depuis ce matin, je ne vois qu’images et messages de désolation concernant nos amis les bêtes. Victimes des aléas du climat, victimes de la maltraitance. En somme, victimes de l’humain. Et ça me mine. Parce que cela me fait notamment prendre un peu plus conscience de l’absurdité de l’espèce « humaine » et que ça me fait peur.
Tous ces animaux…
… brûlés vifs dans les incendies qui détruisent l’Australie, tous ces compagnons à quatre pattes que l’on retrouve abandonnés au bord des routes, maltraités tant moralement que physiquement. Et ce chien, dont je viens de croiser le regard chez le vétérinaire. Je sais bien que ce soir, il ne sera plus là…
Cette journée est si belle et si triste. Les images diffusées sur Instagram et compagnie m’insupportent. Elles m’agressent. Et je culpabilise de penser que ce n’est pas « juste » qu’elles viennent ainsi empiéter mon moral car après tout, je n’ai pas demandé à les voir. Elles apparaissent comme ça, au détour d’une story que je m’empresse de zapper tant je suis horrifiée par ce que l’on m’impose de regarder.
Des animaux calcinés, des chiens et des chats défigurés par des coups portés par des êtres dépourvus de la moindre once d’humanité. Et pourtant, toutes ces morts et toutes ces blessures n’ont-elles pas pour origine commune la bêtise humaine ?
L’Australie brûle…
… et je ne peux m’empêcher de penser que c’est notre mode de vie, à nous, humains, qui en est la principale cause. L’activité humaine, à l’opposée de la nature et de ses lois, est en train que soutirer ses dernières forces à notre planète. Et rien ne bouge. Ou du moins, tout va trop lentement. L’homme ne réagit pas, choqué ou pire, désintéressé de l’ampleur de ce qui se joue : notre survie. Et plus urgemment, celle des animaux et de toutes ces espèces dont nous sommes en partie issus et redevables d’exister.
Les koalas sont d’ores et déjà considérés comme disparus. Rayés de la surface de notre planète. Les kangourous meurent. Tout un écosystème endémique disparaît et rien ne change. Parce qu’il est déjà trop tard ? Ou bien parce que la course au fric et la surconsommation semblent encore être pour beaucoup notre raison d’être sur cette Terre. Cette Terre que nous détruisons. Avons-nous seulement conscience de ce que nous sommes en train de léguer à nos générations futures ?
Est-ce pour toutes ces raisons que j’ai décidé d’adopter un petit chien…
… plutôt que de faire un enfant ? On me reproche d’être égoïste – parce qu’un enfant, c’est « merveilleux ». On me dit que je suis pessimiste et que notre époque « a aussi du bon ». On me parle de « progrès ». Mais aujourd’hui, j’ai plus que jamais l’impression que la condition humaine et ses représentants sont tombés bien bas. Je l’avoue, je perds ma foi et ma confiance en l’humain. Et ça aussi, ça me chiffonne.
Cela fait six mois qu’avec mon mari – un humain formidable – nous avons adopté Olive. Je le décris ici comme mon petit chien car « du haut » de ses 3 kg, ce petit mélange de Yorkshire et de Chihuahua n’est pour ainsi dire pas bien gros ! Il n’empêche que notre attachement et notre affection pour lui sont quant à eux très grands.
Six mois que nous veillons sur lui, que nous prenons soin de lui et que nous organisons certaines de nos journées, ainsi que nos déplacements en fonction de lui. Encore plus qu’un plaisir, adopter un animal est une responsabilité. Une décision que l’on prend et que l’on se doit d’assumer jusqu’au bout et donc bien souvent, toute une partie de notre vie.
Depuis que nous avons Olive, je ne tolère plus d’être confrontée à la souffrance animale. Je ne l’ai jamais tolérée, mais comme bien des gens, j’ai parfois fermé les yeux. Aujourd’hui, je ne peux plus manger de viande en me voilant la face : je sais que derrière ce repas, un animal est mort, tué après avoir très certainement vécu dans les seules conditions nécessaires à ce qu’il puisse finir dans mon assiette. C’est pourquoi, chez moi, au quotidien, je suis en passe de devenir végétarienne. Non par contrainte, mais tout simplement parce que mon corps me le réclame.
Alors oui, ce n’est pas grand-chose. Mais c’est au moins quelque chose.
A l’image de l’Australie qui brûle et avec elle, ses espèces les plus rares, la maltraitance animale volontairement infligée semble être l’un des fléau majeur de notre époque. En effet, pas un seul jour sans que je ne vois passer sur les réseaux sociaux un post en lien avec un animal domestique battu (à mort) ou un petit compagnon lâchement abandonné par ses « maîtres ». Comment cela est-il possible ? Comment peut-on volontairement et pour le coup, sans aucune raison liée à « la nécessité » de produire pour vendre, faire du mal à un animal ?
Comment, face à ces images et à ces mots, garder foi en l’humain ?
Alors bien sûr, l’humanité toute entière n’est pas à mettre dans ce panier de détritus. Comme bien souvent, l’indicible est commis par une minorité qui fait beaucoup parler d’elle. D’où cette impression d’un phénomène d’ampleur et grandissant. Mais n’est-ce qu’une impression ? Suis-je la cible des algorithmes qui m’ont détectée comme étant sensible à ce sujet ? Suis-je surexposée parce que j’aime profondément mon chien, et bien plus largement, les animaux ?
J’écris et je ne me relis pas. Aussi, ce texte me semble partir dans tous les sens : catastrophes écologiques sans précédent en Australie (et ailleurs), SPA et autres refuges débordant d’animaux de compagnie blessés dans leur chair et dans leur cœur, l’attachement que j’ai pour mon petit chien… J’écris parce que j’en ai besoin.
J’écris parce qu’aujourd’hui, j’ai eu peur car malgré toute la prudence dont je fais preuve, mon petit compagnon à quatre pattes a bien failli se faire tuer par un autre chien croisé dans le parc en bas de chez nous. Un chien que je connais mais dont je me méfie. Un chien dont je ne laisse jamais Olive s’approcher. Un chien qui s’est rué sur lui et l’a attaqué au cou alors qu’ils étaient tous deux attachés. Et une maîtresse qui m’a à peine présenté ses excuses.
Peut-être que j’écris ces lignes sous le coup de l’émotion…
Nous allions chez le vétérinaire quand c’est arrivé. Pour une visite de routine. Le renouvellement du traitement antiparasites d’Olive. Aussi, je n’avais pas rendez-vous et le hasard a fait que nous sommes arrivés à la clinique au moment où s’y déroulait une scène qui m’a chamboulée.
Dans la salle d’attente, un berger allemand, âgé. Et mal en point. Presque complètement paralysé, privé de ses pattes arrières. Avec lui, ses deux maîtres bien mal en point eux aussi. En entrant, j’ai tout de suite ressenti la lourdeur de l’atmosphère. La jeune assistante vétérinaire d’ordinaire si souriante semblait elle aussi profondément affectée par la tristesse de la scène.
J’ai pris Olive dans mes bras et je l’ai serré très fort contre moi.
Il tremblait, comme souvent chez le vétérinaire. Je l’ai maintenu pour ne pas risquer qu’il m’échappe et ne dérange ces humains qui s’apprêtaient à dire un dernier au revoir à leur compagnon. Puis j’ai regardé ce chien et j’ai vu dans son regard toute la bonté et l’infinie gentillesse qui bientôt, s’éteindraient.
Le temps s’est presque arrêté. J’ai eu le cœur très gros, mon Olive contre lui. Mais pour la première fois de cette journée entachée par des images d’animaux malmenés, j’ai retrouvé un peu d’espérance envers l’humain. Et surtout, envers ces deux humains, les maîtres de ce chien mourant qui l’ont accompagné jusqu’au bout. Jusqu’à la fin de l’histoire.
Et même si je suis triste, je ne peux m’empêcher de penser qu’ainsi ce billet se termine sur une note infiniment positive. Et remplie d’espoir.
Photos: Céline Aime, le blog