La page blanche. Ou plutôt le fichier Word que l’on finit toujours par quitter, sans même prendre la peine de sauvegarder les quelques lignes laborieusement « pondues » – et si mauvaises à mon goût.
Ce billet relate les tribulations d’une jeune femme des temps modernes. Ses doutes, ses aspirations et sa quête de sens dans les actions qu’elle mène au quotidien. Alors bien sûr, je vous y parle de moi et de ce qui s’est passé dans ma vie ces derniers mois. Les raisons qui m’ont fait mettre ce blog en « stand by » une année durant. Et plus encore pourquoi je décide, aujourd’hui, de lui insuffler un nouveau souffle. Telle une nouvelle inspiration qu’enfin je m’octroie.
La page blanche, je peux vous l’affirmer, n’a rien d’un mythe. D’après ce que j’ai pu découvrir au fil de mes lectures et plus encore, de part ma propre expérience, elle survient le plus souvent suite à une phase rédactionnelle particulièrement productive. Tout semble alors aller pour le mieux : les idées fusent et les mots se suivent dans un style fluide et mélodieux. Comme une petite musique agréable qui nous trotte dans la tête. On la chante – on écrit – sans trop y réfléchir. C’est simple. Efficace. Et plaisant.
La page blanche vous attend au tournant. Un moment d’inattention, d’égarement et l’écriture ne semble plus aller de soi. Tout d’abord, on peine à s’y mettre. On a peur parce qu’on la sent venir, cette page blanche. On essaie de se rassurer en se disant qu’on a les idées, les thèmes. Autant de sujets que nous aimerions aborder et partager avec nos lecteurs. Comme si avoir des idées suffisait ! Et puis, on met un titre tout en haut de la page. Provisoire le titre, parce que celui-ci ne nous plaît déjà qu’à moitié. Mais bon, il faut bien commencer quelque part. Alors commençons.
Sauf que c’est la page blanche. Rien ne sort, rien ne vient. Tout nous semble si nul. Un peu comme si on ne parvenait plus qu’à commencer ses phrases sans jamais les terminer. On a le début d’une idée, d’une tournure de style, le début de quelque chose en somme… et puis en fait non. Alors on quitte sans sauvegarder parce qu’on sait bien que l’on n’y reviendra pas. Et effectivement, on n’y revient pas.
Longue introduction pour vous expliquer ce qui m’est arrivé cette année passée. La page blanche. La mise en « stand by » de mon blog. Ce blog qui m’avait pourtant rendue si heureuse quelques mois durant lesquels je m’étais laissée aller à écrire « comme je respire ». Instinctivement. Sans vraiment y penser. Juste parce que j’en avais besoin à ce moment-là et que cela me faisait du bien. Beaucoup de bien.
Alors pourquoi arrêter ?
J’ai commencé ce blog parce qu’en ce mois de juillet 2017, j’avais du temps à occuper. Je sortais d’une période tourmentée par des « prises de tête » qui m’avaient alors affectée et je l’avoue, blessée dans mon orgueil. J’avais aussi le sentiment d’avoir gâché une chance de faire ce que j’aimais. Bref, j’avais mal géré. J’étais sortie major de promotion dans le cadre de ma formation de conseillère en image et je n’avais pas su saisir l’opportunité de démarrer cette nouvelle vie dans les meilleures conditions.
Créer ce blog et rédiger mes premiers billets m’ont permis de focaliser mon attention sur un objectif autre que le conseil en image, mais qui me plaisait tout autant. La rédaction étant mon premier amour, cela me faisait du bien d’y revenir dans ce moment de doutes, ponctué d’un sentiment d’échec. Je ne vous parlerai pas ici des raisons qui m’ont conduites à ces déconvenues, parce que cela n’a aujourd’hui plus vraiment d’importance. Avec le recul, j’ai compris que j’avais juste eu peur de réussir et d’être heureuse. Bref, l’histoire de ma vie.
Mes premiers articles ont bien plu. J’ai même eu de jolis retours de personnes dont l’avis comptait pour moi. Cela m’a touchée et m’a rempli le cœur de fierté et de confiance. Je prenais beaucoup de plaisir à rédiger. J’ai toujours eu plaisir à écrire. Toujours. Même quand cela n’était pas assez bon à mon goût pour être publié ici.
Et puis j’ai retrouvé du travail.
Mais pas le travail de mes rêves. Un boulot de plus en attendant de trouver mieux. Dans la vente. Mais c’était pratique : près de la maison et à temps partiel, afin que je puisse me consacrer à mon projet professionnel et plus encore, à la rédaction. Les premiers jours, j’ai cru que je ne tiendrai pas. Les horaires imposés, l’impolitesse de certaines clientes, plier, ranger, faire semblant d’être occupée… Et puis surtout, cette sensation d’être emprisonnée après une année de liberté, d’accomplissement et d’épanouissement en tous genres.
Mais je suis restée. Parce qu’au fil des jours j’ai pris le rythme, je me suis habituée à la clientèle et que la petite routine et la stabilité que ce travail m’apportait me rassuraient. D’autant plus l’année où nous nous lancions avec mon fiancé, dans les préparatifs de notre mariage. Je suis restée et j’ai fini par aimer ce travail même s’il m’éloignait de mon projet de création d’une agence de conseil en image, ainsi que de l’écriture. Je décidai de mettre ces envies en « stand by ». En attendant, j’avais un salaire qui tombait à chaque fin de mois et surtout, une vie sociale. Parce que le gros inconvénient de se retrouver à travailler seule de chez soi, c’est que très vite, on ne voit plus grand monde.
Je suis restée dans cette boutique où j’ai très souvent accepté de faire des semaines à temps plein, ou quasiment. Je m’y retrouvais financièrement et je gagnais en responsabilités. Et puis je me suis attachée à l’équipe. Si je ne devais retenir qu’une seule chose de cette expérience, ce serait le plaisir que j’ai eu à travailler avec de « super nanas » ! Des femmes toutes si différentes, drôles, fortes, exigeantes, créatives et cultivées, et avec qui j’ai partagé d’excellentes journées de vente, et parfois même de très mauvaises !
La vente est un métier difficile, exigeant une force mentale non négligeable et une patience à toutes épreuves. Physiquement, le corps prend cher également. C’est un métier que l’on sous-estime souvent. Voire même que l’on méprise. J’ai travaillé plus de quatre années dans différentes boutiques et toujours, cette activité a été considérée par mes proches comme un « petit boulot en attendant mieux ». Comme s’il était impensable d’envisager que je puisse peut-être avoir tout simplement envie d’y rester. Chez Paule Ka, j’y ai fortement pensé. Tout simplement parce que je m’y sentais bien, épanouie et respectée par mes collègues.
Sauf que…
… Chassez le naturel et il revient au galop. Chassez durant quelques temps votre envie de liberté et d’indépendance et vous pouvez être certain que, tel un boomerang, vous allez vous la manger en pleine poire un jour ou l’autre. Et croyez-moi, ça fait mal. Pour moi, c’est arrivé du jour au lendemain, après six mois de bons et loyaux services à la boutique. Une première vague de fatigue. En plein mois de mars et à deux mois de la première étape de notre mariage. Rien de très étonnant, donc. Sauf que cette fatigue ne m’a presque plus quittée jusqu’à la fin de mon contrat, soit jusqu’à la dernière semaine du mois de juillet.
Cinq mois à « me traîner ». Cinq mois à me forcer. A faire comme si tout allait bien au travail. Une fois dans le rythme de ma journée, ça allait, j’assurais. Parce que j’ai une conscience professionnelle et que si je m’engage dans quelque chose, je me donne à fond le temps que cela doit durer. Quitte à m’effondrer une fois rentrée chez moi. Mes jours de repos étaient consacrés… au repos. Des siestes interminables. Ecrire me manquait, mais je n’avais pas la tête à ça. J’avais l’impression de perdre tout ce que j’avais appris durant ma formation de conseillère en image. Je perdais l’énergie positive que cette belle expérience avait fait naître en moi. L’impression que le temps s’échappe, et mes rêves avec lui.
J’ai ainsi plus ou moins tenu le coup, même si j’ai du m’arrêter certains jours car mon organisme me lâchait. La fatigue, le stress et surtout, la rancœur. La rage et la tristesse de ne pas m’être donnée à fond pour réaliser mes véritables envies : écrire, conseiller, créer… avancer.
On avait beau me dire que ce travail n’était que temporaire et qu’après le mariage, j’aurai le temps et les moyens de me lancer, cela ne suffisait plus à me requinquer. Comme si je ne pouvais plus supporter cette frustration un jour, une heure ni même une seconde de plus. Le temps passait pourtant si vite et tout se passait bien, vu de l’extérieur. C’aurait été dommage de renoncer si près du but. Alors, j’ai continué de mettre mes envies profondes en « stand by ».
Et puis l’été est arrivé…
Nous avons gagné la Coupe du Monde et mon contrat a touché à sa fin. Et j’en garde également une certaine amertume parce qu’après une année passée à donner beaucoup de ma personne dans ce travail, on a surtout retenu que j’avais été souvent malade les derniers temps. J’étais tellement épuisée que je n’ai même pas cherché à me justifier, à expliquer ce que je ressentais. A dire que ce travail et plus encore, les liens noués avec mes collègues avait comptés pour moi. Qu’elles allaient me manquer. Je n’ai rien dit. J’ai « savouré » ma dernière journée. J’ai explosé mon objectif. Et je suis partie. Un peu plus légère. Enfin, je n’allais plus avoir à rendre de comptes à personne, sinon à moi-même.
Les vacances ont filé à la vitesse de la lumière, occupés que nous étions à finaliser les derniers détails des préparatifs du mariage, prévu à la mi-septembre. Mais c’était bien ! L’énergie revenait avec la perspective de cette si belle journée qui nous attendait. Et puis, je savais qu’après ce grand événement, j’allais enfin pouvoir me consacrer à ce que j’aimais : écrire de nouveau, relancer mon projet professionnel… et être libre.
Septembre a tenu toutes ses promesses. Notre mariage nous a comblé bien plus que nous l’aurions espéré. Mais j’y reviendrai. J’ai pleuré quand il a fallu rentrer dans notre jolie Seine-et-Marne. Mais j’étais heureuse car l’avenir semblait nous appartenir. Enfin surtout à moi, car mon désormais mari a repris le travail sur les chapeaux de roues et je me suis très rapidement retrouvée de nouveau confrontée à moi-même, à mes envies… et à la page blanche.
Tant que je travaillais, j’avais « l’excuse » de la fatigue et du manque de temps. A présent, j’avais un boulevard de temps libre devant moi, avec pour seule et unique mission de le remplir d’actions à mener pour atteindre mes objectifs. Sauf qu’en un an, autant vous dire que mes objectifs n’étaient plus aussi clairs et définitifs, que l’inspiration ne m’avait pas attendue et que non, on ne décrète pas comme ça, du jour au lendemain de reprendre là où on en était un an plus tôt. Parce qu’en une année, on change, on évolue et nos aspirations plus encore.
J’écris ces lignes parce que c’est le bon moment, suite à cinq mois d’une intense remise en question. La page blanche m’a obligée à poser tout à plat et à me poser LA question : qu’ai-je envie de faire, vraiment ? Cinq mois, c’est long et c’est court. Ce n’est en tout cas pas de trop pour faire le vide en soi, pour se pardonner ses erreurs du passé. Pour relativiser ces actes manqués, que l’on porte en soi tels des échecs. Pour comprendre qu’ils n’étaient que la résultante d’actes purs et sincères, réalisés dans le seul but de créer l’onde de choc qui remet sur le droit chemin.
Aujourd’hui, je décide d’assumer d’avoir besoin de temps pour donner du sens à mes actions. De ce travail effectué sur moi-même est ressortie en tout premier lieu cette envie d’écrire. J’ai été a deux doigts de « dépublier » ce blog. Mais je ne l’ai pas fait parce qu’au fond de moi, je sais qu’il est le support qu’il me faut pour recommencer à exprimer qui je suis, ce qui me porte et ce que j’aime. Céline Aime, ce titre de prédilection, choisi avec le cœur il y a maintenant deux ans. Il n’y a pas de hasard. Juste des évidences. Cet article est le premier qui, enfin, s’est imposé à moi. Comme pour dire adieu à la page blanche.
Photo de couverture: Lum3n (source)